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Mercedes Erra, publicitaire : « Je me demande souvent comment éviter de peser sur mes enfants »

Quand elle est arrivée en France, à l’âge de 6 ans, Mercedes Erra aurait préféré s’appeler Martine. Il lui a fallu des années pour comprendre que les remarques de ses parents venus d’Espagne sur la culture française lui avaient appris le relativisme culturel. Partie pour être prof de lettres après son capes, elle a finalement fait HEC avant une carrière dans la publicité. Elle était enceinte de jumeaux quand elle a cofondé l’agence BETC, qu’elle préside aujourd’hui, et un autre enfant est arrivé deux ans plus tard. Avec les deux fils qu’elle et son compagnon avaient eus chacun de leur côté avant de se rencontrer, ça faisait cinq. « Que des fils, c’est un gag pour une féministe, non ? » Ils ont aujourd’hui entre 28 ans et 36 ans, et l’aîné est à son tour devenu père, l’occasion pour Mercedes Erra, 69 ans et désormais grand-mère, de devenir un parent différent.
C’était avec mon fils Pierre, quand j’étais enceinte de trois mois. Il est peut-être arrivé par hasard, mais le hasard a super bien fait les choses. J’avais 32 ans. Le monsieur avec qui c’est arrivé a cru que je l’avais fait exprès, ce n’était pas le cas. A l’époque, je vivais avec une jeune femme. S’est posée la question de ce que je faisais. Au bout de trois mois, cet enfant était toujours là. Le monsieur m’a dit que c’était un souci pour lui, je lui ai dit que ce n’en était pas un pour moi. Je l’ai élevé avec mon amie, et j’ai toujours dit toute la vérité à mon fils.
Ensuite, j’ai rencontré Jean-Paul, mon compagnon. Lui avait déjà un fils, j’avais déjà Pierre, et on a eu trois enfants ensemble. La femme avec qui j’ai élevé Pierre est toujours dans sa vie. Il me semble qu’il ne faut jamais rompre les liens d’un enfant avec quelqu’un qu’il a aimé. Elle l’a ensuite adopté officiellement, et il porte son nom en plus du mien. Pierre a deux enfants, et je trouve formidable de penser que mes petits-enfants ont trois grands-mères. Cela n’a pas été évident pour lui, iI n’avait que 5 ans quand j’ai rencontré Jean-Paul, mais il avait déjà tout compris. Ces histoires complexes lui ont donné une grande maturité. La vie ne va pas toujours dans le sens de ceux pour qui c’est le plus facile.
Oui, je pleure devant tout le monde ! Devant des films, devant mes clients quand ils ne me comprennent pas, de bonheur à la campagne, et donc aussi devant mes enfants. Je ne veux être dans le paraître devant personne, et surtout pas devant mes fils.
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